Je suis Maître es Lettres, ce qui explique un peu pourquoi mes tableaux sont composés comme des livres. Personnages, lieux, temps, action, nouvelle, pamphlet, aventures, épisodes, intrigues, essais, roman, saga, etc. La suite photographique Le cerf ectomorphe – The queer deer est régie par des systèmes dont certains se détectent dans le titre des oeuvres et indiquent le niveau stratigraphique de ce mille-feuille numérique pourtant si matériel aux murs.
Quand le titre n’est suivi d’aucun numéro – Entendons-nous, je ne parle pas là de la numérotation de l’exemplaire mais bien de son titre – quand le titre n’est suivi d’aucun numéro, disais-je, le ou les personnages sont présentés sans texte.
Quand le titre est suivi du #2, le sujet est présenté avec un phylactère écrit à l’encre, qui figure son propos ou celui qu’on lui tient.
Au niveau #3, j’ajoute des exergues, toujours en majuscule mais au crayon de papier cette fois-ci, et qui rendent le propos du narrateur, de la voix off ou de l’auteur.
Les mots du titre sont eux aussi importants et viennent étoffer les petits et grands mystères. Et puis il y a les langues… Le français, l’anglais, le latin et parfois l’allemand mais la liste n’est pas fermée. Mes tableaux sont une énigme à résoudre, ou pas.
Je travaille à l’ancienne.
Les mots dans mes photos sont régis par un système strict, école structuraliste oblige. Les phylactères rendent la parole du sujet ou bien celle qu’il entend, c’est selon. Je les écris au stylo plume parce que j’ai toujours écrit à la plume. Ensuite je les photographie, et je découpe les lettres pour les brocher sur le fond blanc au dessus des personnages. J’y passe beaucoup de temps, parce que parfois mes doigts ne sont pas assez déliés, mais d’autres fois, le plus souvent, parce que c’est trop mal ou trop bien écrit. Il faut trouver le juste mesure alors vingt fois sur le métier, je retends mon ouvrage. Que voulez-vous, je pèse mes mots au trébuchet mais il m’arrive de trébucher.